Autophonie : pourquoi entend-on sa voix plus forte ?

Parler, chanter, chuchoter… Nous utilisons notre voix quotidiennement sans nous interroger sur la manière dont nous l’entendons. Pourtant, avez-vous déjà remarqué que votre propre voix semble bien plus forte et différente lorsqu’elle résonne dans votre tête ?
Ce phénomène porte un nom : l’autophonie. Mais pourquoi perçoit-on sa propre voix de manière amplifiée ? Explications.

Qu’est-ce que l’autophonie ?

L’autophonie désigne la sensation d’entendre sa propre voix plus forte que les sons extérieurs. Ce phénomène peut être occasionnel ou permanent et est souvent lié à des modifications dans la transmission du son à l’oreille interne.

En temps normal, nous percevons notre voix de deux façons :

  • Par conduction aérienne : le son traverse l’air et atteint nos oreilles, comme pour n’importe quel autre bruit ambiant.
  • Par conduction osseuse : les vibrations des cordes vocales se propagent à travers les os du crâne et atteignent directement l’oreille interne.

Cette combinaison permet d’avoir une perception équilibrée de notre voix. Mais lorsqu’un déséquilibre se produit, la conduction osseuse prend le dessus, provoquant une amplification de notre propre voix.

Pourquoi entend-on sa voix plus forte ?

1. Un effet naturel amplifié par la conduction osseuse

Comme évoqué précédemment, nous percevons notre propre voix non seulement par l’air mais aussi à travers nos os. Cette transmission interne modifie le son, le rendant plus grave et résonnant davantage. C’est pourquoi notre voix nous semble différente sur un enregistrement : seule la conduction aérienne est alors impliquée.

Cependant, dans certaines situations, l’autophonie peut être exacerbée.

2. Un problème d’oreille moyenne ou interne

Un dysfonctionnement au niveau de l’oreille peut accentuer la perception de sa propre voix. Parmi les causes possibles :

  • Une otite séreuse ou une infection ORL : le liquide présent dans l’oreille moyenne empêche la transmission normale des sons extérieurs, tandis que les sons internes sont mieux perçus.
  • Une obstruction du conduit auditif (bouchon de cérumen, corps étranger, etc.) : lorsque l’oreille est bouchée, les sons extérieurs sont atténués tandis que la résonance interne est amplifiée
  • Un dysfonctionnement de la trompe d’Eustache : cette structure relie l’oreille moyenne à la gorge et équilibre la pression de l’oreille. Si elle est bloquée ou trop ouverte, cela peut perturber l’équilibre entre conduction aérienne et osseuse.
  • La surdité de transmission : certaines pathologies, comme l’otospongiose, limitent la transmission des sons extérieurs, accentuant l’autophonie.

3. Le port d’appareils auditifs ou d’implants cochléaires

Les personnes appareillées peuvent aussi expérimenter une sensation d’autophonie, en particulier lorsqu’elles commencent à utiliser un appareil auditif ou un implant cochléaire. L’amplification des sons modifie la perception habituelle de la voix, nécessitant une période d’adaptation.

Comment atténuer l’autophonie ?

Si l’autophonie est ponctuelle et liée à un rhume ou une infection, elle disparaîtra généralement d’elle-même une fois l’affection guérie. Toutefois, lorsque le phénomène devient gênant ou persistant, il est recommandé de consulter un spécialiste de l’audition.

1. Consulter un ORL

Un examen auditif permettra d’identifier une éventuelle obstruction ou un problème au niveau de l’oreille moyenne. Des tests auditifs spécifiques peuvent aider à diagnostiquer une surdité de transmission.

2. Traiter les causes sous-jacentes

Selon l’origine de l’autophonie, différentes solutions existent :

  • Éliminer un bouchon de cérumen : un simple nettoyage chez un spécialiste peut suffire.
  • Soigner une infection ORL : un traitement médicamenteux adapté peut rétablir une audition normale.
  • Rééduquer la trompe d’Eustache : certaines techniques permettent d’améliorer sa fonctionnalité.
  • Adapter les réglages des appareils auditifs : un audioprothésiste pourra ajuster le volume et la balance sonore pour atténuer la sensation d’autophonie.

3. Modifier certaines habitudes

Dans certains cas, de simples changements peuvent aider à réduire l’autophonie :

  • Parler plus doucement : réduire le volume de sa voix limite la sensation de résonance.
  • Éviter de boucher ses oreilles : cela peut accentuer la conduction osseuse et aggraver la perception de sa propre voix.
  • Prendre le temps de s’habituer aux aides auditives : une adaptation progressive peut minimiser l’effet d’amplification.

Repérez les signes qui indiquent que vous devriez passer un test auditif avec un audioprothésiste.

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Quand faut-il s’inquiéter ?

Si l’autophonie est généralement bénigne, elle peut aussi être le signal d’une affection sous-jacente plus sérieuse, nécessitant une prise en charge médicale rapide. Certains symptômes associés doivent alerter, notamment lorsque l’autophonie s’installe de façon soudaine, persistante ou asymétrique.

Une perte auditive progressive accompagnée d’une autophonie peut être le signe d’une surdité de transmission, souvent liée à des pathologies comme l’otospongiose, une ossification anormale de l’étrier empêchant la transmission des vibrations sonores. De même, une sensation de pression dans l’oreille, notamment après un changement d’altitude ou une infection, peut signaler un dysfonctionnement chronique de la trompe d’Eustache. Dans certains cas, cette dernière peut rester en position ouverte (béance tubaire), provoquant une perception amplifiée et désagréable de sa propre voix, souvent décrite comme une "voix dans un écho métallique".

L’apparition de douleurs auriculaires associées à une autophonie doit être prise au sérieux. Une otite moyenne aiguë ou séreuse, un traumatisme tympanique ou encore une inflammation du nerf auditif peuvent être en cause. Un retard de prise en charge dans ces situations peut altérer durablement l’audition.

Enfin, lorsque l’autophonie s’accompagne de vertiges ou d’acouphènes intenses, elle peut être le symptôme d’une pathologie de l’oreille interne, comme la maladie de Ménière ou une fistule périlymphatique résultant d’un traumatisme barotraumatique. Ces affections nécessitent un diagnostic rapide afin d’éviter des séquelles auditives irréversibles.
Consulter un ORL dès l’apparition de ces signes permet d’écarter toute affection grave et d’instaurer un traitement adapté. Un bilan auditif approfondi, complété si nécessaire par une impédancemétrie, une IRM ou un scanner, pourra identifier la cause et éviter une dégradation de l’audition.

L’autophonie est un phénomène auditif courant qui repose sur un équilibre délicat entre conduction aérienne et conduction osseuse. Si elle est souvent bénigne et temporaire, elle peut parfois révéler un problème sous-jacent nécessitant une consultation ORL. Un suivi médical et quelques ajustements peuvent permettre de retrouver un confort auditif optimal.

FAQ sur l'autophonie