Audika a eu le plaisir d'interviewer Sébastien Rogues, skipper de Primonial et figure emblématique de la course au large. Il nous a parlé de son parcours en voile, de ses plus grandes victoires, et de l’importance de la protection auditive en mer.
L’appel du large : le parcours inspirant de Sébastien Rogues
Audika : Peux-tu te présenter brièvement pour les personnes qui ne te connaissent pas et nous parler de ton parcours sportif ?
Sébastien Rogues : Je suis Sébastien Rogues, j’ai 48 ans et j’ai la chance d’être le skipper d’un magnifique trimaran, le Primonial, avec lequel nous participons à des courses au large. Cela signifie que nous traversons l’océan Atlantique, parfois en double, en équipage ou en solitaire, selon les courses. J’ai eu la chance de remporter deux fois la Transat Jacques Vabre, récemment la Route des Caravelles, ainsi qu'une multitude de courses secondaires qui font partie de notre championnat. Ces courses nous permettent de renforcer notre équipe en vue des grandes échéances, comme la Transat Jacques Vabre et la Route du Rhum. J’ai débuté ma carrière à 20 ans et j’ai eu l'opportunité de naviguer sur des monocoques, des multicoques volants et des multicoques de course au large, testant ainsi plusieurs types de bateaux dans la voile professionnelle.
Audika : Comment as-tu commencé la voile ?
Sébastien Rogues : J’ai commencé sur le lac de Reiningue, près de Mulhouse, en Alsace. C’est là que j’ai fait mon premier tour en Optimist. J’ai grandi dans une famille très sportive, où la culture du sport était omniprésente. Après mes études, j’ai décidé de suivre mon rêve, ce qui me passionnait vraiment : la voile.
Audika : Y a-t-il eu un moment ou une personne en particulier qui t’a inspiré à poursuivre dans ce sport ?
Sébastien Rogues : J’ai tracé mon propre chemin, en développant ma personnalité dans cet environnement sans chercher à imiter les autres. J’ai toujours suivi ce qui me plaisait, ce qui était à la fois amusant et exigeant sur le plan sportif. J’ai grandi en suivant les exploits de grands noms comme Jean Le Cam et Francis Joyon. Mais si je devais en citer un qui m’a particulièrement inspiré, ce serait Bruno Peyron. Ses projets, comme les trophées Jules Verne à bord d'Orange, étaient impressionnants et me faisaient rêver. Ce n’est pas la seule raison pour laquelle j’ai fait de la voile professionnelle, mais cela a joué un rôle dans mon choix.
Se préparer aux plus grandes courses : rigueur et passion
Audika : Quelle est ta routine d’entraînement pour des courses importantes comme la Route du Rhum ?
Sébastien Rogues : Pour préparer une course, il faut d'abord distinguer les grandes courses de celles avec moins d’enjeux. Ces dernières sont des occasions de s’entraîner sans pression et de bien se préparer pour les compétitions majeures. Avant une grande course, la préparation du bateau est primordiale. Il faut être rigoureux et précis pour que le bateau soit capable de donner son plein potentiel. J’ai la chance d’avoir une équipe qui bichonne le bateau pour que tout fonctionne parfaitement. De mon côté, je me concentre sur la météo, je m’imprègne des conditions à venir et je veille à bien me reposer. C’est un mélange entre repos, sport et détente, car pendant la course, les conditions sont dures et on vit dans un environnement très particulier, entièrement dédié à la performance du bateau et de l’équipe.
C’est une parenthèse de vie où l’on vit dans des conditions très particulières.
Audika : Quel est le moment le plus marquant de ta carrière jusqu’à présent ?
Sébastien Rogues : La victoire lors de la Transat Jacques Vabre en 2021 reste un moment inoubliable, un de mes plus beaux succès. Ensuite, il y a ma troisième place à la Route du Rhum en 2022, qui représente une victoire personnelle. C’était un rêve de traverser l’Atlantique en multicoque et en solitaire, sur une machine particulièrement difficile à maîtriser. Je suis donc extrêmement fier du résultat. Nous avons d'ailleurs fait construire un nouveau bateau, et nous attendons la prochaine Route du Rhum en 2026 avec impatience !
Protéger ses sens en mer : l'importance de l’audition dans la performance et le bien-être
Audika : La mer peut être un environnement bruyant et parfois dangereux pour l’audition. As-tu toujours été conscient de l’importance de protéger tes oreilles ou y a-t-il eu un événement particulier qui t’a poussé à t’y intéresser ?
Sébastien Rogues : J’ai une anecdote amusante à ce sujet. Lors de la Transat Jacques Vabre en 2019, qui marquait mon retour en course au large après trois ans de régates inshore, je me suis retrouvé très gêné par le bruit, particulièrement pour dormir.
Le sommeil, c’est primordial, parce que c’est le seul moment où tu peux échapper quelques instants à cet environnement et déconnecter l’esprit de cet environnement extrêmement anxiogène et extrêmement bruyant.
J’ai même utilisé la cire d’un Babybel pour essayer de m’isoler du bruit, et ça a fonctionné temporairement ! C’est là que j’ai pris conscience de l’importance de ce sujet, notamment pour le sommeil, qui est essentiel pour la performance. Par la suite, nous avons commencé à réfléchir sérieusement à cette question et c’est ainsi que nous avons entamé notre collaboration avec Audika pour tester vos solutions.
Audika : Avez-vous déjà pu tester les bouchons d’oreilles Audika en conditions réelles ?
Sébastien Rogues : Oui, nous avons commencé à les tester, et même si nous sommes encore en phase d’adaptation, nous trouvons cela très intéressant. Ce qui est vraiment bien, c’est de pouvoir ajuster les bouchons en fonction des besoins, selon les différents bruits auxquels nous sommes confrontés.
Audika : Penses-tu que même les personnes qui pratiquent la voile en loisir devraient protéger leur audition ?
Sébastien Rogues : En voile, l’oreille est un capteur important, notamment pour le vent. En compétition, nous utilisons beaucoup de capteurs électroniques, mais je pense qu'il est crucial de ne pas bloquer totalement ce sens.
Il n’y a pas d’âge pour protéger son oreille
Aujourd’hui, il existe des bouchons qui s’adaptent aux besoins spécifiques de chacun. La prévention auditive ne concerne pas seulement les personnes âgées. Protéger son audition, c’est s’assurer de pouvoir pratiquer une activité longtemps sans se nuire.
Vision future et sensibilisation
Audika : Aujourd'hui, penses-tu que la sensibilisation à la protection auditive est suffisante ?
Sébastien Rogues : Personnellement, je n’ai pas été particulièrement sensibilisé à ce sujet, et sans ce problème de bruit en mer, je ne m’y serais probablement jamais intéressé. Il serait bénéfique de sensibiliser les jeunes à la prévention auditive. Je suis père, et je vois à quel point c’est un sujet important. Les mentalités doivent évoluer pour que la protection auditive devienne une démarche normale et acceptée.
Il serait bien de faire plus de sensibilisation, notamment auprès des plus jeunes, pour leur dire : "en fonction de vos activités, faites-vous tester". D’autant plus que je suis papa et je me rends compte que c’est un vrai sujet.
Audika : Souhaites-tu ajouter quelque chose ?
Sébastien Rogues : Non, je pense que nous avons fait le tour. Je suis ravi de ce partenariat avec Audika et convaincu que nous avons mis le doigt sur un aspect de performance important, qui va se développer. Merci de nous accompagner sur ce point !
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